À propos de Déclamation & de Rhétorique gestuelle…
Au XVIIᵉ siècle, la déclamation fait partie des « Arts d’agrément, sans contredit, un des plus brillans, un des plus faits pour séduire et procurer à la société des plaisirs nobles et d’utiles délassemens ».
Les compositeurs ne greffaient pas des mots sur la musique, mais partaient du rythme, de la hauteur, du débit et des particularités du texte à déclamer. C’est sous l’influence du jeu des Acteurs de Théâtre que sont composés les récitatifs des opéras de cette époque, qui nécessitent beaucoup d’inégalité (c’est-à-dire de contraste) dans la voix et dans le geste. L’expérience des prédicateurs peut servir ceux qui ont pour tâche de s’exprimer en public, et en particulier l’Acteur-Chanteur, et leurs recommandations ne manquent pas :
« comme le corps a trois dimensions, aussi la voix a trois principales différences; celle de la hauteur ou de la bassesse, celle de la contention ou de la douceur, et celle de la vitesse ou de la tardivité. « .
Les influences de la Chaire et du Barreau sur le Théâtre sont soulignées dans de nombreux traités, du fait de leurs principes communs pour la déclamation. Les diverses qualités de la prononciation revêtent une importance particulière, qui peut surprendre aujourd’hui, mais sont très propres à exprimer vivement certains bruits, ou certaines passions qu’elles se proposent d’imiter. De nombreuses sources nous permettent d’en retrouver les règles, parmi lesquelles on trouve même des exercices :
« Je ropré le neu orrible qui m’un-it a toa. Le blé ê chèr. J’a-n anvôae un mui a ma fille. Le ni êt anlevé. Lê moa-nô se sont anfui. Sen Qlou êt un endroa charman. «
Le Visage participe activement à préciser le comportement d’un personnage. Dans la Méthode pour apprendre à deviner les Passions du grand peintre Lebrun, on découvre un certain nombre de gravures caractérisant diverses expressions du visage.
(d’après »Le Traité de Chant & de Mise en Scène Baroques » de Michel Verschaeve)
« Le monde est vieux, dit-on : je le crois; cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant. »
(Le pouvoir des fables – Jean de la Fontaine)
» Le geste au Théâtre doit toujours précéder la parole : on sent bien plûtôt que la parole ne peut le dire, et le geste est beaucoup plus preste qu’elle; il faut des momens à la parole pour se former et pour frapper l’oreille; le geste que la sensibilité rend agile, part toûjours au moment même où l’âme éprouve le sentiment. »
DECLAMATION, s. f. (Belles lettres.) c’est l’art de rendre le discours. Chaque mouvement de l’ame, dit Cicéron, a son expression naturelle dans les traits du visage, dans le geste, & dans la voix. (Encyclopédie Diderot D’Alembert)
La prononciation doit être proportionnée aux sujets que l’on traite, ce qui paroît sur – tout dans les passions qui ont toutes un ton particulier. La voix qui est l’interprete de nos sentimens, reçoit toutes les impressions, tous les changemens dont l’ame elle – même est susceptible. Ainsi dans la joie elle est pleine, claire, coulante; dans la tristesse au contraire, elle est traînante & basse; la colere la rend rude, impétueuse, entrecoupée: quand il s’agit de confesser une faute, de faire satisfaction, de supplier, elle devient douce, timide, soumise; les exordes demandent un ton grave & modéré; les preuves un ton un peu plus élevé; les récits un ton simple, uni, tranquille, & semblable à – peu – près à celui de la conversation. Rollin, traité des Etudes, tom IV. pag. 618. & suiv.
« La gestuelle et prononciation baroques font partie intégrante de la composition des Lully, Rameau etc.. Les ignorer c’est amputer gravement la conception même de l’œuvre.
Nos recherches depuis plus de 30 ans sur ce sujet, nous permettent aujourd’hui de transcrire d’une manière pratique le fruit de notre travail ayant pour seul but d’aller au plus fort de l’émotion.
Cette vidéo (initiation de seulement quelques jours d’apprentissage) révèlera, nous l’espérons, une interprétation que nous souhaitons irréversible comme l’ont démontré dans leur temps les versions musicales sur instruments anciens pionnières des Leonhardt et Harnoncourt« .
Michel Verschaeve