Musique baroque : Essai de définition

Utiliser le terme “baroque” pour qualifier la musique de l’époque classique provoque encore bien souvent questions, voire polémiques.

Par musique baroque, on entend généralement la musique composée entre 1600 et 1750 environ

  • 1607 : Orpheo de Monteverdi
  • 1756 : naissance de Mozart

Le parcours chronologique proposé dans la page suivante permet de situer un grand nombre de compositeurs parmi les autres artistes de leur époque (16ᵉ-18ᵉ siècles).

 

Selon la date du dictionnaire choisi, on trouve successivement différentes définitions de la musique baroque.

 

Dans son “Dictionnaire de musique”, Jean-Jacques Rousseau écrit en 1767 :

“Une musique baroque est celle dont l’harmonie est confuse, chargée de modulations et dissonances, le chant dur et peu naturel, l’intonation difficile, et le mouvement contraint. Il y a bien de l’apparence que ce terme vient du baroco des logiciens.”

Dans le Dictionnaire de l’Académie française, 

le terme “baroque”, toujours lié à une notion de bizarrerie, n’apparaît associé à la musique qu’à partir de sa 6ᵉ édition, en 1832.

Le “Dictionnaire de musique” de Léon et Marie Escudier nous dit en 1872 :

“Une musique baroque est celle dont l’harmonie est confuse, chargée de modulations et de dissonances, le chant dur et peu naturel, l’intonation difficile, et le mouvement contraint. Ce terme vient du mot grec baros, chose désagréable.”

Dans son “Dictionnaire de musique” ,  Charles Soullier écrit en 1880 :

” On appelle musique baroque celle dont le chant et les modulations excentriques, pour s’élever trop haut, tombent dans le ridicule, et, pour vouloir sortir de l’ornière, se fourvoient dans le gachis.

Plus près de nous, “Le Lexique” (Annotations Et Termes Musicaux) de Alain Bonnard (1939-2011) nous donne la définition suivante de la musique baroque :

“(Du portugais baroqueco = perle irrégulière ; baroqueco (it.) ; barock (al) ; barroco (esp)
Concernant la musique, ce mot a signifié tout et son contraire.
On peut cependant avancer trois définitions imparfaites.
 au 18ᵉ siècle : désigne une oeuvre bizarre, irrégulière ou fantasque ne correspondant pas aux canons de l’esthétique classique
 au 19ᵉ siècle : sert à qualifier, péjorativement, l’art post-renaissance.
 au 20ᵉ siècle : sert à désigner la musique de la période 1620 – 1770, ne correspondant pas aux critères classiques “

Dès le départ, Bonnard souligne l’ambiguïté du terme, mais aussi l’approximation de la définition à travers le temps.

En référence à l’architecture, la peinture, la sculpture et le décor en général, où les lignes courbes, l’ovale en particulier, prédominent aux dépens de la droite, le style musical baroque est épris de fantaisie, de mouvements ou de luxuriance qui ne se confondent ni avec le précieux, ni avec le burlesque.
C’est dans cet esprit qu’un Monteverdi ou un Schütz (1ʳᵉ période avec la naissance de la basse continue) qu’un Lully ou un Marais (2ᵉ période, développement de la basse continue) peuvent rejoindre un Telemann, un Vivaldi ou un Bach (3ᵉ période, apogée de la basse continue)

Renouveau de l’interprétation

L’interprétation de la musique baroque a considérablement évolué depuis sa remise à l’honneur au XIXᵉ siècle, et son entrée dans le “répertoire” qui caractérise la musique classique par opposition à la musique populaire.

Dès le milieu du XXᵉ siècle, la relecture des œuvres dans les manuscrits ou les éditions originales dans lesquelles la basse chiffrée n’est pas remplacée par une réalisation écrite, le recours à des instruments anciens ou copies d’anciens, la redécouverte des chorégraphies et de la diction de l’époque, ont contribué à une modification radicale dans la manière d’interpréter la musique des 17ᵉ et 18ᵉ siècles.

C’est par référence à ce renouveau d’interprétation que la musique baroque est envisagée dans ce site.

Le fil conducteur, le lien d’écriture du baroque musical me semble être l’utilisation et l’exploitation de la basse continue

Simple trame harmonique, la basse continue soutient une ligne musicale plus ou moins richement ornementée.

Aux 17ᵉ et 18ᵉ siècles, les musiciens étaient tous capables d’improviser et bon nombre d’entre eux étaient aussi compositeurs. Ils écrivaient leurs œuvres pour une occasion précise et tout donne à croire qu’aucun d’entre eux ne s’attendait à voir ses ouvrages passer à la postérité sous forme d’un répertoire figé. Ils réutilisaient d’ailleurs souvent le matériel d’une œuvre pour l’écriture d’une autre.