Flûtes à bec et hautbois

INSTRUMENTS A BOUCHE BISEAUTÉE

Dans ces instruments l’air insufflé vient se briser contre l’angle formé par l’une des parois taillées en biseau …

Ils furent connus des Égyptiens et des Grecs, et le moyen âge s’en servit sous la forme de tuyaux d’orgue et de flûtes douces ou à bec; le flageolet en est le dernier spécimen encore usité.

La flûte droite est très ancienne. On la rencontre,à l’état plus ou moins rudimentaire, sous les vocables de sifflet de paysan, fistule, sublet, flûte à trois trous, flageol, flajot, flajox, etc.

Les flûtes douces, munies de 3, 5 et 9 trous, formèrent des séries dont la composition a naturellement varié selon les pays et les époques.

Martin Agricola, en 1532, les divise en soprano, alto, ténor et basse. Sous la rubrique de  » grandes flûtes », il range le chalumeau, la flûte douce, la bombarde et le cornet â bouquin.Yirdung aussi, au début du xvi° siècle, mentionne les flûtes douces. Mais c’est à Michel Praetorius-au siècle suivant-que nous devons un classement complet des flûtes à bec ainsi formulé : Petit flûtet, Flûte discant (soprano), Flûte alto, Flûte ténor, Flûte basset, Flûte basse, Flûte contrebasse.

Au XVIIIème siècle, si nous en croyons l’Encyclopédie, on divisait les flûtes à bec en dessus, haute-contre, taille, quinte & basse.

(Histoire des instruments de musique par René Brancour – 1921)

Maurice Steger : flûte à bec

 

INSTRUMENTS A ANCHE DOUBLE BATTANTE AVEC TUYAU

Le type par excellence en est le hautbois, instrument à perce cônique dans lequel la colonne d’air est mise en vibration par deux anches de roseau. Le plus ancien individu de la race fut probablement une tige de blé ….

Il est cité au début du XVI ème siècle sous les noms de schalmey ou chalemie, de bombarde et de pommer, mais aussi de doucine ou douceyne.

Au XVIIème siècle ces instruments se divisaient en deux séries :

  • les haulx-bois (ou hautbois) réunissant les 4 plus petits modèles (chalemies)
  • et les gros bois comprenant les 2 autres, à l’origine du basson ou dulcian

Au XVIIIème siècle apparait le hautbois d’amour (une tierce inférieure en dessous) et le pommer alto prend le nom de hautbois de chasse ou de haute-contre de hautbois (correspondant à l’actuel cor anglais, à la quinte inférieure du hautbois)

En 167I le hautbois paraît à l’orchestre de l’Opéra, dans la Pomone de Cambert. puis Lully l’introduit dans son Alceste  : « Le nombre des hautbois égalait presque celui des violons, dont ils jouaient fidèlement les parties de premier et de second dessus. Les hautboïstes de I’Opéra soufflaient à plein tuyau, de toutes leurs forces, produisant un son dur et canard sans nuances. »

Ils avaient sans doute réalisé de notables progrès lorsqu’en 1733 Rameau donna son premier opéra, Hippolithe et Aricie : « Les hautbois s’étaient perfectionnés, se jouaient avec des anches plus fines, et avaient acquis plus de douceur et de moelleux » Mersenne avait écrit, un siècle auparavant. à propos des hautbois : « Bien qu’ils semblent rudes, ils ont une gaité naturelle qui les fait préférer [aux flûtes]…. [Leur musique ] est propre aux grandes assemblées, à cause du grand bruit qu’ils font .. , car ils ont le son le plus fort et le plus violent de tous les instruments, si l’on excepte la trompette » .

Bach a magnifiquement utilisé ces vigoureuses qualités sonores, « dans les airs où il veut déployer une harmonie somptueuse, sans avoir recours au fracas des trompettes «  . Dans telle ou telle cantate, un groupe de trois hautbois dépeindra les émotions du croyant et les fureurs de la colère divine. Mais surtout le hautbois excellera à traduire les sentiments pathétiques, les implorations, les élans de l’âme, car il est. selon la juste expression de Mattheson, un instrument « parlant ». D’une sonorité plus douce, le hautbois d’amour a traduit de calmes et suaves pensées. Plus profond encore, le hautbois de chasse possède une voix douloureuse et âpre, tragiquement entendue dans l’air « Ah ! Golgotha maudit « , de la Passion selon saint Matthieu. Deux hautbois de chasse, joints à deux hautbois d’amour, forment, au début de la « Veillée des Bergers », dans l’Oratorio de Noël, la plus délicieuse des pastorales. Le hautbois de chasse peut aussi être apprécié dans le Dioclétien de Purcell et le Stabat mater de Haydn.

(Histoire des instruments de musique par René Brancour – 1921)

Quelques remarques sur l’usage du Hautbois et du Basson (Quantz)